Être un/une pilote dans le vent.

By 16 avril 2017Non classé

Cette semaine au Club Aéro Formation, nous allons nous intéresser au vent. Si vous êtes en cours de formation ou que vous avez déjà passé votre licence, vous avez déjà abordé ces notions, si vous n’êtes dans aucune de ces situation alors il est temps de commencer à voler!

L’avion se déplace autour de 3 axes et le pilote le dirige dans l’air selon ces trois axes à l’aide du manche et des palonniers. Ça c’est pour la base, mais une fois ces considérations acquises, il reste que le but du pilote va être de déplacer son avion par rapport au sol.  Pour se repérer par rapport au sol, le pilote dispose de ses yeux qui lui permettent de scruter l’horizon et de différentes cartes qui permettent de  resituer ce qu’il observe dans son environnement. Pour pouvoir maîtriser sa trajectoire par rapport au sol tout en pilotant son avion par rapport à l’air, il est essentiel que le pilote soit en mesure d’évaluer le mouvement de l’air par rapport au sol : c’est le vent. Il existe  principalement deux situations où la connaissance du vent est essentielle : lors de la croisière  et lors des phases de décollage/atterrissage.

Lors de la croisière, le pilote va constater, en observant dehors qu’il peut exister un écart entre le point

?

qu’il cherche à atteindre et le point vers lequel son avion évolue réellement. La direction que le pilote « vise » en pilotant l’avion, le point qu’il observe c’est le cap, que l’on exprime en degrés par rapport au Nord à l’aide de trois chiffres (exemple : cap 270, ce qui correspond à 270° par rapport au Nord, ce qui équivaut à l’Ouest). La direction réellement suivie par l’avion par rapport au sol, c’est comme en voiture, c’est la route. A la différence qu’on l’exprime également en degrés par rapport au Nord à l’aide de trois chiffres. La différence entre le cap et la route c’est la dérive, un terme emprunté aux marins qui eux aussi subissent l’influence des courants qu’ils doivent prendre en compte pour arriver à bon port.

?

De la même manière, on imagine aisément que le vent qui nous pousse et celui auquel on fait face ont une influence sur la trajectoire de l’avion. A une vitesse donnée dans l’air (celle que le pilote lit sur l’anémomètre, le compteur de vitesse), l’avion ira plus vite avec du vent arrière et moins vite avec du vent de face. Si les avions de ligne cherchent constamment à profiter des grands courants de vent pour économiser du carburant, l’influence du vent sur nos avions légers revêt également une importance capitale. Nos avions, qui volent à une vitesse proche de 100 nœuds vont parfois subir un vent de 10, 20 ou 30 nœuds, représentant respectivement 10%, 20%, 30% de sa vitesse, et autant de temps de vol potentiel en plus en cas de vent de face. Une influence non négligeable qu’il convient de prendre en compte lors de la préparation du vol en n’oubliant pas de l’intégrer dans le calcul du carburant nécessaire au vol.

Pour estimer au mieux le vent, il est essentiel lors de la préparation du vol de consulter les cartes fournies par météo-France sur le site Olivia ou Aeroweb et de calculer pour la route choisie l’influence du vent de face et la dérive. Les instructeurs du Club Aéro Formation sauront répondre à toutes vos questions concernant le vent en croisière.

Pour le décollage et l’atterrissage également le vent revêt une importance capitale. La proximité avec le sol lors de ces phases oblige le pilote à une anticipation et à une vigilance toute particulière. Pour le décollage, il faut penser à mettre du manche du côté du vent pendant toute la phase de roulage et réduire progressivement cette action pour arriver à la position « manche au neutre » lors de la rotation. Dès que l’avion quitte le sol, celui-ci pivote naturellement pour se mettre dans le lit du vent, comme une girouette. Il affiche naturellement la dérive qui lui permet de suivre l’axe de la piste. Il vaut mieux éviter de contrer cette action sous peine de se décaler de cet axe. Il faut ensuite garder à l’esprit que le vent fraîchit généralement et change de direction lorsque l’avion prend de l’altitude.

Concernant l’atterrissage, il existe plusieurs techniques pour poser l’avion avec du vent de travers. Sur nos avions légers, il faut poser l’avion avec le nez dans l’axe de la piste, ce qui impliquerait que l’on subirait la dérive et donc une force latérale lors du poser : de quoi se faire bien secouer. De plus, en cas de vent fort, il existe une risque que l’aile du côté du vent se soulève. On va donc chercher à incliner l’avion pour le poser sur la roue du côté du vent et pour éviter que celui-ci ne tourne, mettre du palonnier du côté opposé. L’avion doit voler en ligne droite tout en étant incliné du côté du vent. Une technique qui demande de l’entrainement et de la finesse. Cette méthode ne peut être utilisée par les avions de ligne car ceux-ci ont généralement les moteurs sous les ailes et il y aurait un risque de les endommager.

On prend également le risque lié aux rafales lors d’un fort vent en augmentant la vitesse choisie pour la finale, c’est ce qu’on appelle le kVe.

En conclusion, n’ayez pas peur du vent, apprenez à le connaitre, entrainez vous, renseignez-vous auprès des instructeur du Club Aéro Formation et vous verrez que l’on prend beaucoup de plaisir à poser un avion avec du vent de travers !